Notre avis
C'est une très bonne nouvelle.
Maintenant, reste à voir la matérialité. "Sans répression, il n'y a pas de loi", et quand on voit que Google a déjà été condamné à 8 milliards d'euros par l'UE sur trois sujets (Google Shopping, Ad Sense et Android) sans que ça ne semble ralentir leur bénéfice - 60 milliards d'euros de bénéfice en 2022; on est en droit de se demander l'impact d'une nouvelle réglementation.
Nous allons partir du principe que le texte sera valide et applicable - ce qui n'est pas acquis.
La voie évoquée du "blocage pur et simple en Europe en cas de récidive" semble être la seule voie dissuasive possible.
Elle est intéressante, mais est-elle réellement crédible ?
Ces plateformes sont devenues centrales pour les entreprises évoluant dans le numérique. Imaginez une société de SEO sans Google ou un expert en places de marché sans Amazon ; ils risque de tirer la gueule. Là, on est sur du central non-stratégique en vérité (faire du SEO pourra se transposer sur d'autres moteurs comme il existe d'autres places de marché. Court terme compliqué, mais les sociétés de service pourront se repositionner.)
Sauf que ces plateformes sont bien plus présentes qu'on ne le pense. Surtout que là on ne parle pas au niveau Français, mais bien au niveau de l'Europe.
Pour Google, la ville de Bologne a basculé son équipe sur Google Workspace, mais nous pouvons aussi lister des entreprises européennes célèbres : Karcher, Carrefour ou Airbus.
Pour Amazon, ce n'est pas qu'une place de marché pratique et à l'approche User Centric. C'est le leader mondial de l'e-commerce, qui distribue (juste pour la France !) les produits de 13 000 TPE (oui, juste pour la France) avec 20 000 salariés en France (1.5M dans le monde); et qu'on retrouve dans le top des entreprises logistiques mondiales, dans des casiers (par exemple chez Monoprix et même dans la robotique. Et AWS (Amazon Web Services), moins connu, est la partie cloud informatique, lancée en 2006. AWS, c'est 75% du bénéfice opérationnel d'Amazon et est utilisé par 80% des entreprises du CAC40 et plus de 70% des licornes (source.) C'est 40% des parts de marché du cloud mondial.
Vous imaginez une décision qui empêcherait des millions de salariés de travailler ? e-Commerçants, administrations, grands groupes ?
Ou alors il ne serait question que de bloquer partiellement des services de ces entreprises ?
C'est possible, tout n'est qu'affaire de décision et de courage politique pour assumer un énorme bazar à court terme.
Possible, mais est-ce réaliste aujourd'hui ?
Les initiatives de souveraineté (industrielle et informationnelle)à sont réelles, et à titre personnel je suis très admiratif et apprécie le travail effectué par M. Thierry Breton depuis plusieurs années (actuellement commissaire au marché intérieur, il est à l'origine de ce texte.)
Notre conclusion
La peine maximale est peu réaliste aujourd'hui.
Mais l'orientation semble excellente et vient poser une nouvelle brique sur la volonté de souveraineté numérique européenne.
Les vingt-cinq dernière années à être des cigales contemplatives des fourmis ne seront pas annulées pour autant et je ne crois pas à une fermeture des services de Google s'ils venaient à récidiver demain.
Je n'y crois pas aujourd'hui. Hâte d'être à demain.